2005 | Le nouveau visage de la boxe

Depuis quelques années, les clubs adoptent des méthodes d'approche douce de la boxe et drainent un public de plus en plus varié.
Des sacs de sable, un fond de musique techno, des élèves plus ou moins athlétiques : à la Panza gymnothèque, haut lieu de l'enseignement de la boxe à Strasbourg, l'ambiance est bon enfant. « C'est quoi ton nom déjà ?», demande une jeune fille à sa voisine, entre deux coups de poings et un direct du genou dans son sac.

Sports News | Nike


André Panza, patron de l'endroit et neuf fois champion du monde (en kick-boxing, boxe française et full contact), appelle « cardio boxe » ce cours où la gent féminine est en légère majorité. D'autres clubs l'appelent boxe fitness, à moins qu'ils n'adoptent la dénomination officielle de la Fédération nationale de boxe française, la savate forme. On y pratique les différents mouvements de boxes pieds-poings : boxe française, mais aussi boxe thaï et kick-boxing, éventuellement sans combat réel. Bref, de la boxe sans mâchoire fracturée ni nez cassé.
« Ce cours existe chez nous depuis toujours », précise André Panza. « A l'origine, c'était mon entraînement à moi, puis des copains sont venus, et finalement ça s'est transformé en cours », précise-t-il. Il ne fait aucune discrimination d'après l'âge ou la silhouette. « En sport, c'est le muscle du haut qui travaille le plus », affirme-t-il en se touchant le front. La cardio boxe associe un entraînement physique intensif (effort cardio-vasculaire, endurance musculaire, souplesse), et l'apprentissage des techniques de frappe de la boxe, le tout en se défoulant.
Mais dans cardio-boxe, André Panza n'oublie pas le deuxième terme du mot. Une de ses grandes fiertés est d'avoir vu passer une élève de 52 ans de la cardio-boxe à un vrai cours de boxe anglaise. Un moyen de sauter le pas ? La boxe souffre encore de son image. « Certaines personnes ont peur rien qu'en poussant la porte, parce qu'elles savent que ce n'est pas juste un club de fitness ici ».
Si elle n'est pas encore répertoriée spécifiquement dans les statistiques, la boxe fitness a déjà fait gonfler les effectifs des boxeurs occasionnels. La Ligue d'Alsace de boxe française dénombre 1 261 licenciés en 2004, dont 31,88 % de femmes, contre 959 et seulement 24,5 % de femmes en 2002.
« On essaie de développer la boxe comme sport de masse, d'agrandir le vivier, et la boxe fitness est un moyen d'attirer », note Bertrand Blindauer, président de la Ligue d'Alsace de boxe française et patron du club de boxe française d'Ostwald. « C'est la 4e année qu'on a ce cours, et on fait salle comble », renchérit sa femme Séverine, championne d'Europe de boxe française et enseignante de boxe fitness à Ostwald : « On a été obligé de clôturer les inscriptions dès la fin du premier trimestre ».
A Ostwald, beaucoup de pratiquants sont des mères de familles des cités voisines qui rêvent de remodeler leur silhouette. Du coup, le côté boxe est un peu effacé, les sacs absents, au point qu'un spectateur mal informé pourrait prendre les mouvements des élèves en musique pour une étrange forme de danse disco. « Je ne suis pas trop boxe, mais j'ai besoin d'un sport qui bouge, qui évacue mon stress », avoue Sabine, assistante commerciale de 34 ans.
Pourtant, c'est peut-être cette distance qui contribue au nouveau visage de la boxe, déjà adouci par des règles de sécurité strictes et l'obligation de protections chez les débutant et les enfants. La diversification des disciplines comme la boxe thaï ou le kick-boxing, qui ont vu aussi leurs effectifs augmenter, y ajoute une touche d'exotisme. Et, côté filles, l'aspect self-defense n'est pas négligeable. « Si une fille apprend à donner un bon coup de pied, son agresseur est abattu, ne serait-ce que parce qu'il n'est pas prêt à le recevoir », remarque André Panza. (DNA, lundi 26 mars 2005)